En septembre 2024, l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) a publié un rapport thématique sur l’illettrisme et l’innumérisme, basé sur les chiffres publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) en avril 2024. Ces statistiques, bien que publiées en 2024, se réfèrent à l’année 2022.
Selon le rapport, 10 % des adultes âgés de 18 à 64 ans éprouvent des difficultés avec la langue écrite, tandis que 4 % sont fonctionnellement analphabètes. Le manque de compétences de base, telles que la lecture, l’écriture et le calcul, affecte particulièrement certains groupes sociaux.
Des difficultés persistantes en lecture et en calcul
Bien que l’analphabétisme des adultes soit en baisse, une part importante d’entre eux ont des difficultés à lire et à écrire (4 % en 2022 contre 7 % en 2011). En outre, 4 millions de personnes, soit 10 % des personnes âgées de 18 à 64 ans, éprouvent des difficultés à maîtriser au moins l’une des trois compétences essentielles liées à la littératie : décoder les mots, écrire correctement et comprendre des textes simples. Ces compétences insuffisantes se traduisent souvent par une incapacité à effectuer des tâches quotidiennes cruciales, telles que lire des documents administratifs ou remplir des formulaires. Parallèlement, 12 % des adultes éprouvent des difficultés en arithmétique, ce qui recoupe souvent les problèmes d’alphabétisation : 62 % des personnes ayant des difficultés d’écriture ont également des problèmes avec les chiffres.
Si l’écart entre les sexes est faible en termes d’alphabétisation (11 % des hommes contre 10 % des femmes), il est plus prononcé en arithmétique, 15 % des femmes ayant des difficultés contre 9 % des hommes.
Un problème qui touche les zones les moins éduquées et les plus vulnérables sur le plan économique
L’analphabétisme est fortement lié au niveau d’éducation et au milieu social. Par exemple, 35 % des adultes ayant peu ou pas d’éducation formelle éprouvent des difficultés à lire ou à calculer, alors que ce pourcentage est nettement inférieur chez les personnes ayant un niveau d’éducation plus élevé. Le niveau d’éducation des parents joue également un rôle : 19 % des personnes dont les parents ont un faible niveau d’éducation éprouvent des difficultés à lire et à écrire, contre seulement 3 % de celles dont les parents sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. Les habitants des zones urbaines économiquement défavorisées sont particulièrement touchés par ces problèmes. Un tiers des personnes vivant dans ces zones éprouvent des difficultés à lire, contre seulement 8 % en dehors de ces zones prioritaires. La situation est encore plus grave dans les territoires d’outre-mer, où 24 % des adultes ont des difficultés en lecture et 29 % en calcul.
Les personnes ayant des difficultés en lecture et en calcul sont moins susceptibles de s’engager dans des programmes d’EFP, qui exigent de plus en plus de compétences de base pour l’inscription, la compréhension du contenu des cours et la réalisation des évaluations. En outre, ces obstacles affectent de manière disproportionnée les personnes vivant dans des zones économiquement défavorisées ou éloignées, où les possibilités de formation peuvent déjà être limitées.
L’impact des déficits de compétences sur l’accès à la formation
Les personnes en situation d’illettrisme sont souvent confrontées à des limitations dans l’accès aux services quotidiens, notamment en raison d’une utilisation réduite des outils numériques. En effet, 83 % des personnes en situation d’illettrisme ont utilisé internet au cours des trois derniers mois, contre 97 % de la population générale. Cela se traduit par une moindre autonomie dans les tâches administratives : seuls 61 % des individus en situation d’illettrisme ont géré ces tâches de manière indépendante au cours de l’année écoulée, contre 85 % des autres adultes. L’écart entre les compétences numériques et les compétences de base affecte directement la participation à l’enseignement et à la formation professionnels, en particulier à la formation professionnelle continue, qui s’appuie de plus en plus sur des plateformes numériques pour l’inscription, les cours et la communication. Les programmes de formation professionnelle continue constituent une voie essentielle pour les apprenants adultes et les travailleurs désireux de se perfectionner ou de se recycler. Cependant, les personnes souffrant d’un déficit d’alphabétisation peuvent avoir du mal à accéder aux possibilités offertes ou à en tirer pleinement parti en raison de la numérisation croissante de la formation et des processus administratifs.
En fournissant une image plus claire des besoins liés aux déficiences en compétences de base et en soutenant les initiatives locales par le biais de partenariats, l’ANLCI vise à garantir que « personne ne quitte un programme d’insertion professionnelle ou de formation en étant toujours confronté à l’illettrisme ou à l’analphabétisme numérique ».
Source : ReferNet France, Cedefop, 9 janvier 2025