Crise du Covid-19 en France : assurer la continuité de l’apprentissage dans la formation professionnelle


Dès les premières semaines de 2020, la France est fortement touchée par la pandémie de Covid-19. Le 16 mars, le gouvernement décide de confiner le pays, une loi dite d’urgence prescrit les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie. Le confinement strict a duré jusqu’au 11 mai.

Les ministères de l’éducation et du travail ont organisé la continuité de l’apprentissage dans les écoles ainsi que dans les centres de formation des apprentis (CFA) et les prestataires de formation continue. Dans le cadre de la stratégie de déconfinement, tous les établissements de formation ont progressivement rouvert, à partir du 11 mai 2020, tandis que les écoles secondaires supérieures (professionnelles) sont restées fermées jusqu’au 2 juin.

Le gouvernement publie des données actualisées dans des circulaires de questions-réponses, notamment sur l’apprentissage, l’enseignement à distance et les subventions à la formation.

Coopération et rôle des acteurs de la formation professionnelle

Aux côtés de l’Etat, tous les acteurs, y compris les régions, ont contribué ou pris des mesures pour prévenir ou atténuer les conséquences de la pandémie sur l’emploi et la formation professionnelle.

Les régions et l’Etat ont collaboré à la création (et au financement) d’un Fonds de solidarité pour les entreprises particulièrement touchées par les conséquences économiques, financières et sociales de l’épidémie.

Les partenaires sociaux et les organismes de formation font également des propositions. Par exemple, la Fédération de la formation professionnelle, qui regroupe plus de 900 organismes de formation, a proposé un plan de relance pour sécuriser la formation pratique des jeunes et des employeurs.

La continuité de la formation en entreprise

La continuité pédagogique est également assurée en apprentissage, dans les CFA principalement par l’apprentissage numérique. Si une session de formation est reportée, si une formation complète n’a pas pu être réalisée à distance, ou si l’examen est reporté, le contrat d’apprentissage peut être prolongé. Des ressources gratuites (outils de formation, contenus pédagogiques) ont été mises à disposition par l’État, les établissements de formation professionnelle et les entreprises.

Pour les organismes de formation professionnelle continue (FPC), le principe est d’assurer la continuité par la formation à distance. En avril, la DARES, le service national d’études et de statistiques, a interrogé plus de 5 500 demandeurs d’emploi pour évaluer les conséquences de la crise sur les programmes de formation. Les résultats montrent qu’une faible proportion des programmes (environ 7 %) en place au moment du confinement étaient entièrement dispensés à distance. La plupart des cours ont dû être remaniés afin de ne pas pénaliser les bénéficiaires.

Les entreprises ont été autorisées à recourir au chômage partiel et, en contrepartie, à faciliter l’accès à la formation de leurs salariés ; des aides financières telles que le FNE-formation y ont contribué. Les apprentis, en tant que salariés, bénéficient du chômage partiel.

Pôle emploi, l’agence nationale pour l’emploi, a décidé de maintenir la rémunération des bénéficiaires (demandeurs d’emploi) inscrits dans des programmes de formation professionnelle (financés par Pole Emploi) pendant la crise sanitaire, même si la formation est suspendue ou annulée.

Les CFA et les prestataires de formation continue peuvent à nouveau accueillir leurs apprentis et stagiaires à partir du 11 mai, conformément aux protocoles sanitaires.

Assurer l’achèvement du programme dans la formation professionnelle sous statut scolaire

Toutes les épreuves du baccalauréat général et professionnel sont (exceptionnellement) suspendues et évaluées sur la base des notes du livret scolaire.

Pour tous les diplômes professionnels (CAP, BEP, mention complémentaire, brevet des métiers d’art, brevet professionnel, baccalauréat professionnel), l’évaluation finale est basée – au lieu des examens physiques – sur les notes de l’année précédente (2019/20) et le bulletin scolaire 2019/20 ; un jury décidera des notes finales, en tenant compte des performances des apprenants pendant les périodes de formation pratique (contrôle continu se déroulant dans des environnements simulés ou sur le lieu de travail/en entreprise).

Principaux défis pour l’avenir

Depuis fin mars, l’INSEE publie tous les quinze jours une analyse de l’évolution de la situation économique. Début mai, la baisse de l’emploi salarié privé est estimée à -2,3%, soit plus de 450 000 destructions nettes d’emplois en un trimestre. Le PIB a baissé de 5,8%.

L’offre d’apprentissage, qui avait atteint un niveau record en 2019, pourrait être affectée, notamment en raison des incertitudes sur l’appétence des jeunes pour l’alternance et des difficultés des entreprises à recruter. Les CFA sont inquiets pour leur financement ; ils demandent une augmentation des aides aux employeurs qui embauchent des apprentis (quel que soit le niveau de qualification préparé). Un plan de relance a été annoncé le 12 mai pour limiter les dégâts ; le ministre du Travail va lancer une concertation avec les partenaires sociaux pour finaliser les conditions de ce plan.

Dans les programmes d’enseignement professionnel (EFP) en milieu scolaire, le défi consiste à s’assurer que les élèves ont acquis les (compétences et) connaissances nécessaires pour poursuivre leurs études et réduire ainsi le risque d’abandon. Cela implique d’augmenter le temps d’enseignement consacré à la transmission de ces connaissances, par exemple dans le cadre du programme Open school summer 2020. Les projets futurs comprennent un programme innovant de « vacances d’apprentissage » (début et fin des vacances scolaires d’été) pour permettre aux apprenants de l’EFP du secondaire supérieur de reprendre l’apprentissage tout en participant à des activités culturelles et de loisirs.

Source Cedefop, 26 juin 2020